Pour ajouter une entrée de plus à mon journal, je voulais aborder le langage du luthier, ou plutôt les différents moyens de communication qu’il utilise au quotidien pour transmettre son art. En effet, celui-ci utilise tout d’abord un langage très fleuri, avec un vocabulaire précis et rare dont la signification échappe à la plupart d’entre nous. Au-delà du jargon, il y a aussi tous les différents véhicules de transmission. Car communiquer, c’est aussi conserver et perpétrer les savoirs qui permettent de maintenir une bonne pratique, voire de la parfaire. De même, c’est l’occasion de faire des rencontres et d’écrire de nouvelles histoires qui enrichissent le parcours d’une vie. Toutes ces composantes donnent un sens particulier au fait de travailler la matière. C’est pourquoi ne vous affolez pas si je parle beaucoup dans ces lignes de la façon de communiquer en général.

Le langage du luthier
Le langage du luthier s’exprime principalement dans son atelier.

Le langage du luthier

Si vous écoutez parler les luthiers, vous vous rendrez compte rapidement que leur vocabulaire est cryptique. C’est un jargon très précis qui partage de nombreux éléments avec les métiers du bois, mais qui possède également son propre arsenal verbal.

Malgré tout, les écrits anciens concernant les pratiques de la lutherie sont très rares. C’est sûrement pour cela que beaucoup de connaissances sont considérées aujourd’hui comme mystérieuses, par manque de données précises. En fait, la méthode de transmission des connaissances en lutherie ne s’est ouverte que très récemment sur le modèle académique. Avant cela, l’acquisition du savoir se faisait apparemment même pas par le verbe, mais par l’observation et la reproduction. D’ailleurs, la méthode d’apprentissage à Mirecourt allait bien plus loin encore.

Luthiers, de la main à la main

Luthiers, de la main à la main
Luthiers, de la main à la main

Pour se faire une idée des différentes pratiques qui ont eu lieu à Mirecourt, je vous conseille de vous plonger dans un livre et un film qui ont été réalisés par le Musée de la Lutherie et de l’Archèterie de Mirecourt. Ils ont tous les deux pour titre Luthiers, de la main à la main et se complètent très bien dans leur propos et leurs illustrations. Vous pourrez dans un premier temps visionner le film sur Vimeo. Le livre est quant à lui assez facilement disponible sur Internet.

En fait, ce que beaucoup de luthiers diront, c’est que les mots, les paroles et les écrits ne sont que secondaires. C’est en fait le temps passé à l’établi qui compte et qui permet de se réaliser. Plutôt que d’en parler, l’observation, la reproduction et la sensation même de bois au creux de leurs mains permettent aux meilleurs artisans de se réaliser. D’ailleurs, le point le plus marquant qui ressort de cet ouvrage est pour moi l’accent sur l’appropriation des connaissances. Le terme de « vol » revient souvent, non pas dans le sens de l’espionnage industriel, mais plutôt dans l’expression imagée de pouvoir extirper les informations nécessaires malgré la rétention volontaire des maîtres.

D’un autre côté, l’édifice de notions sur lequel se repose le métier de luthier est tellement vaste que de tenter un apprentissage global dès les premiers instants me semble impossible. Ainsi, chaque brique doit venir au bon moment pour former un ensemble cohérent et stable. Sachant que bien évidemment l’apprentissage n’est jamais terminé.

 

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La lecture et l’écriture

Au-delà du langage en lui-même, l’écriture mais aussi la lecture sont des outils formidables. Pour la plupart d’entre nous, il s’agit de quelque chose d’acquis, de basique et simple, pourtant 16% de la population mondiale est encore considérée comme analphabète (1% en France). Ce n’est bien sûr pas votre cas, puisque vous lisez ces lignes. Toutefois, vous pourrez facilement ressentir l’impression de l’être. En effet, il vous suffit de vous rendre dans un pays étranger dont le système d’écriture est radicalement différent pour en faire l’expérience.

Le langage de la musique et du musicien

Le langage du luthier et de la musique
Le livre rouge de Adolphe Danhauser est un peu l’équivalent du Bescherelle pour la musique.

Comme la parole, la musique est un moyen de communication. Elle possède une voix qui s’exprime de bien des manières et avec une subtilité qui transcende les mots. La musique, si elle s’exprime encore parfois aujourd’hui de manière totalement orale et intuitive, elle se propage et se conserve également de manière écrite. L’ensemble des règles qui régissent la musique sont tout aussi strictes que la grammaire d’une langue. Bien que les luthiers n’en aient pas besoin au quotidien, les musiciens en sont les interprètes au quotidien. Et comme nous travaillons ensemble, c’est un bien sûr un outil qu’il est utile de savoir manier.

Le solfège et son déchiffrage

Il y a différent moyens de s’entraîner à la lecture. Bien sûr, lire et pratiquer les partitions habituelles en font partie. Toutefois, grâce à ces technologies auxquelles nous avons accès de nos jours, il y a quelques outils dont nous pouvons profiter pour améliorer nos compétences en travaillant nos défauts. Par contre, il faut pouvoir prendre confiance de ces défauts, et c’est pourquoi il existe des professeurs. Mais comme vous le savez, l’éducation a un certain coût, surtout dans les disciplines artistiques qui demandent l’attention particulière d’un « maître ».

C’est pourquoi l’éducation numérique a vécu un essor considérable ces dernières années. Elles permettent en effet de se concentrer sur des tâches bien précises et maintenir des objectifs progressifs sur lesquels le sens de progression peut être ressenti facilement avec une pratique régulière.

Sight-o, l’application pour apprendre le déchiffrage

Sight-O est l’une d’entre elle. Il s’agit en fait d’une application qui vous propose de devenir plus performant dans le déchiffrage, la lecture des notes, et ce, en jouant directement avec votre instrument. Le principe est simple, une partition s’affiche à l’écran, le décompte se fait et c’est parti pour le déchiffrage. La principale différence est que cette partition numérique va être constamment recouverte d’un cache qui vous empêchera de lire la mesure que vous jouez actuellement. Ceci a pour effet de vous obliger à lire la partition à l’avance et de toujours anticiper votre lecture. Lorsque vous avez fini l’exercice, le programme fait le compte de vos erreurs et vous corrige.

Pensée de façon ludique et immersive, l’organisation des sessions se fait comme celle d’un jeu. C’est ainsi que l’on relève des défis plus en plus compliqués afin de débloquer divers trophées attestant de son parcours. Si vous souhaitez avoir plus d’informations, vous pouvez lire l’article de Marie Leloup qui vous explique tout sur Sight-O.

Cette application est disponible pour violon, alto et violoncelle et se trouve accessible à partir de 3 euros par mois. Vous pouvez également la tester pendant 7 jours gratuitement afin de vous faire votre propre avis.

Le langage de la musique et le déchiffrage avec Sight-O.
Le principe de cette application est de vous enregistrer tout en jouant les partitions des différents exercices. Le cache (en rose sur l’image) va vous forcer à lire à l’avance et améliorer votre confiance en vous pour la lecture.

 

Le langage du luthier

Si vous souhaitez vous familiariser avec le langage du luthier, je vous propose bien sûr de suivre mon blog, avec des articles tels que le lexique de la lutherie. De même, je vous propose de participer à mes stages pour aller encore plus loin dans la découverte de la lutherie et de son univers.

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