Il y a quelques jours, j’étais sur scène, invité à participer au congrès régional du CJD et parler de la vulnérabilité du luthier. Au début, j’avais un peu du mal à comprendre ce qu’on attendait de moi, car je n’avais pas compris quelle eau je pouvais apporter au moulin de ces quelques 300 chefs d’entreprises. Toutefois, j‘ai relevé le défi et maintenant je reviens sur le sujet pour en parler en détail.
La vulnérabilité du luthier
Lorsque le CJD Strasbourg et plus particulièrement le comité d’organisation du Congrès Régional m’a demandé d’exposer mes vulnérabilité devant un parterre de haut vol, je n’ai pas pu m’empêcher de répondre par l’affirmative. Par contre, je ne savais pas du tout ce que je pouvais dire, et surtout ce que je pourrais apporter à ces entrepreneurs endurcis (et à succès).
D’un autre côté, je ne comprenais pas non plus en quoi montrer sa vulnérabilité pouvait être intéressant. D’habitude, nous préférons plutôt entendre les histoires des héros forts et puissant qui n’échouent jamais…
Bon, après tout, c’est vrai que les Batman et les Captain America modernes sont quand même bien plus sombres que ceux d’autrefois…

Comment aborder la vulnérabilité du luthier
Pour me conseiller, j’ai eu du soutien, notamment Laetitia Blétrix qui m’a dit de simplement raconter mon parcours pour rendre le propos intéressant. Et sans oublier ce cher Alexandre Michiels, qui s’est porté volontaire pour coacher les participants et mettre en forme leur propos.
Quoi qu’il en soit, je me suis convaincu de raconter cette fameuse histoire de luthier, qui a commencé dès le lycée et d’en arriver chemin faisant, jusqu’ à nos jours.
Ensuite, de manière pratique, nous pourrons également profiter de cette occasion pour parler d’une vulnérabilité pratique : celle de la scène. C’est d’ailleurs la seule que je vais aborder ici en détail, car je réserve le reste pour un autre moment.
La vulnérabilité de la scène
Comme me l’ont confié certains participants, monter sur scène est un de ces moments de vulnérabilité. C’est facile à comprendre : trac, honte, perte de contrôle… Bref, un cocktail sympa pour flancher.
Je peux donc beaucoup plus rapprocher ce moment de prise de parole de mon passé de musicien que ce que j’aurais pensé à la base (volontairement je n’ai aucunement abordé mon passé musical)… Mais ça a du sens, puisque ce que l’on recherche, c’est du spectacle, et surtout, une fois dans l’arène, nous somme dans l’obligation de faire face car il n’y a aucune échappatoire.
Faire face à la vulnérabilité
Je ne dis pas que j’ai une méthode pour transformer une vulnérabilité en force. Et je n’aurais pas la prétention de venir apporter des conseils à ce propos à qui que ce soit. Cependant, je peux encore une fois parler de ce que j’en connais grâce à ma propre expérience.
Ma méthode, c’est la pratique quotidienne, pas celle de la répétition mais d’une attitude, une attitude qui se cultive dans l’art du lâché prise. Ma définition du lâché prise, c’est l’art de l’improvisation : à mi-chemin entre MacGyver et John Coltrane.
Faire face à la vulnérabilité du luthier
Je ne dis pas que j’ai une méthode pour transformer une vulnérabilité en force. Et je n’aurais pas la prétention de venir apporter des conseils à ce propos à qui que ce soit. Cependant, je peux encore une fois parler de ce que j’en connais grâce à ma propre expérience.
Ma méthode, c’est la pratique quotidienne, pas celle de la répétition mais d’une attitude, une attitude qui se cultive dans l’art du lâché prise. Ma définition du lâché prise, c’est l’art de l’improvisation : à mi-chemin entre MacGyver et John Coltrane.
Contrairement à cette idée reçue, l’improvisation, ce n’est pas de la création pure, celle qui s’échappe du néant dans un éclair plus ou moins génial. C’est même l’opposé de cela. L’improvisation est un immense travail de compréhension, de déconstruction, et de recomposition en fonction de l’humeur du moment. C’est en fait très différent de la mémorisation pure et surtout un exercice plus incertain et inconfortable, qui ne promet absolument pas une réussite à chaque fois mais qui permet de créer des réussites totalement géniales. Vous savez, ce sont ces réussites qui remontent le long de la colonne vertébrale et qui se répandent à travers votre corps tout en vous faisant comprendre qu’il vous en faut encore.
Pour ma part, dans ma façon de vivre la musique, de vivre mon art ou ma vie, voire même celle de mon entreprise : il n’y a que cette manière. Peut-être parce que c’est la seule façon pour moi de me sentir vivant. Et c’est aussi de cette façon que vous découvrez mon MBTI, mais bonne chance pour le cerner.
Quelques conseils pour la scène
Je vais maintenant approfondir le travail de préparation en faisant les parallèles avec ce que je sais de la musique.
Le travail et la répétition
Lorsque nous faisons de la scène, nous puisons la force dans l’habitude. Première habitude, la connaissance de son sujet. En musique par exemple, celle de son instrument, et celle de ses morceaux. De même, il faut se rappeler que plus vous serez sensible à la pression, plus la différence entre votre prestation sera grande entre celle que vous réalisez chez vous et sur scène. Concrètement, si vous voulez jouer un morceau confortablement devant le public, il faudra que vous puissiez jouer plus vite, plus fort, moins fort et avec tous les handicaps possibles dans le confort de l’absence de pression. Pour ma part, j’ai du mal à trop travailler mes sujets, et en plus je n’ai pas une mémoire incroyable, je fais donc comme je peux.
Faire moins pour faire mieux
Le travail préalable dont je parlais permet d’atteindre le fameux état de “flow” dans lequel le corps et l’esprit fusionnent dans l’instant présent. C’est en tout cas ce que je recherche un maximum, mais avec, je dois l’avouer, le minimum de travail préparatoire. Et c’est là qu’on va utiliser le concept de la loi de Pareto, que je vais rebaptiser pour l’occasion “la loi du moindre effort”.
Cette loi nous la retrouverons dans toutes les actions de ceux qui utilisent leur cerveau afin d’en faire le moins possible, c’est hyper humain. Et d’ailleurs c’est aussi ce qui va permettre d’avoir un maximum d’impact… Parce que c’est direct et peu alambiqué.
Concrètement, je simplifie. Si un passage est trop compliqué, il faut couper, enlever des notes, des mots, des idées. Cela peut produire un effet très similaire, voire bien plus impactant que d’essayer de passer des choses impossibles ou incompréhensibles.
Combattre le trac
Le trac ne nous quitte vraiment jamais, mais il n’est réellement présent lorsque nous nous focalisons dessus. Il se manifeste de plusieurs façons, premièrement ce stress anormalement élevé, qui s’apparente à la peur. D’un autre côté celui-ci se manifeste aussi physiquement, par des sueurs incontrôlées et une forte envie d’uriner. Je suppose qu’il y a des explications, mais je n’en ai pas…
Je sais seulement que pour combattre ce sentiment, il faut se recentrer sur l’instant et ne pas se projeter. Ma méthode pour combattre le trac est de me concentrer sur la respiration. Je ne connais pas énormément de choses sur les techniques de respiration ni comment cela fonctionne, cependant, j’ai eu la chance de pratiquer un peu et les effets sont immédiats et imparables.
Ainsi, quelques inspirations et expirations par le nez, en se concentrant sur les flux et le mouvement abdominal permettent de se recentrer sur l’instant et faire disparaître l’attente.
Une autre façon de combattre le trac est de transformer l’appréhension en excitation. Je ne dis pas que c’est évident, mais c’est cette manipulation que je m’impose avant de me lancer et lâcher prise. C’est un peu comme changer de direction pour que le vent de face nous pousse à présent dans le dos, et c’est un puit d’énergie incroyable.
D’ailleurs, j’ai vraiment ressenti que Marc Lièvremont faisait la même chose lorsqu’il déclamait son discours d’avant match lors de sa conférence. Sauf qu’il manipulait l’énergie de ses équipiers pour les amener dans le match, et je trouve ce phénomène complètement ahurissant.
La vulnérabilité du skateur
J’ai écouté une fois une interview du batteur Thomas Pridgen, qui mettait en avant sa façon de jouer de son instrument à la manière d’un skateur. Personnellement, je n’ai jamais vraiment été un adepte de la planche, mais un de mes frère l’était, et collectionnait les gamelles et autres fractures, et c’est pourquoi j’ai immédiatement compris son parallèle : on ne réalise pas de tricks parfait sans à un moment prendre son courage à deux mains et se vautrer. Et ainsi, remonter encore et encore, inlassablement jusqu’à ce que ça passe.
Je vous l’accorde, il y a des activités moins douloureuses et dangereuses que d’autres, mais ce qui est certain c’est qu’il faut accepter ce contrat.
Bref, ce que je veux dire, c’est que je suis moi même l’acteur de cette pratique au quotidien, comme le sauront que trop tous mes camarades du CJD Strasbourg ou du Réseau Entreprendre Alsace, qui savent que chaque mois, je vais revenir avec autant de nouveaux tricks que de plâtres.
Pourtant, c’est à chaque fois génial, et je n’ai qu’une hâte c’est d’y retourner, malgré la vulnérabilité du luthier qui est mienne.
Le congrès du CJD
Je ne l’ai pas dit, mais ce congrès était un franc succès dans son ensemble. Et tout le monde a finalement compris la pertinence d’accepter sa vulnérabilité en tant qu’acteur du monde économique. Je ne parle bien entendu pas de ma maigre contribution, mais de l’ensemble des intervenants de qualité tels que Marc Lièvremont ancien entraîneur de l’équipe de France de Rugby, Erick BOITEL docteur en psychologie de la performance et conférencier, ainsi que Christine Muscat et Edouard SAUER, dirigeants de grandes entreprises en alsace. Autant de témoignages qui montrent que c’est notre résilience qui fait notre force.
L’Homme et l’insecte
C’est également cette résilience qui me rappelle les mots de Bernard WERBER, qui comparaît l’homme à l’insecte dans ses ouvrages à succès. Ainsi il comparaît la supériorité apparente de la chitine de l’insecte, solide et dure de l’extérieur à cette fragilité propre de l’homme, recouvert de sa fragile peau.
C’est dans cette opposition qui semblait favoriser notre ami à corps segmenté que l’auteur mit en avant la faculté incroyable de l’homme à se blesser, à recouvrer et à apprendre, comme autant de qualités qui lui ont permis de finalement faire de ses faiblesse d’incroyables atouts.
Le bilan
Quoi qu’il en soit, c’était une excellente opportunité pour moi de m’exprimer sur certains sujets qui me tiennent à cœur, et peut-être même l’occasion de sortir d’un certain silence, grâce à tous vos encouragements.
C’est d’ailleurs pourquoi je dois tous vous remercier, les organisateurs, les participants à la réalisation de cet important moment. Sans oublier le public qui a été incroyablement réceptif et aussi le maître du temps qui m’a laissé exploser le sablier. Merci de m’avoir donné l’opportunité d’apprendre et de me révéler.
Enfin, c’était aussi une agréable opportunité pour moi de partager la scène avec Erica Jang, qui s’est produite en solo pour le plaisir de nos oreilles. Je dois aussi la remercie de partager ma vie depuis tant d’années.
J’ai hâte de vous retrouver et recommencer. Quoi qu’il en soit, je compte reprendre le travail sur ce blog et ajouter quelques posts régulièrement pour compléter ces projets qui me viennent en tête.