Corène, le monde du néo-ébène

avec 9 commentaires

Dans la lutherie moderne, l’une des problématique majeure semble consister à produire des matières de synthèse capable de remplacer ce que nous offre la nature. Outre les archets, les instruments, les vernis, les cordes et le crin, il est aujourd’hui question de néo-ébène. Un produit entièrement issue des laboratoire de chimie et qui propose une alternative au fameux bois noir. Nous allons donc essayer de voir d’un peu plus près de quoi il s’agit.

 

Qu’est-ce que le néo-ébène ?

Le néo-ébène est avant l’appellation de matières synthétiques qui ont pour objectif d’imiter l’ébène. Celles-ci existent en fait depuis de nombreuses années sous la forme de plastiques. Principalement utilisée sur les guitares, il est très fréquent de voir des sillets, des ornements et filets composés de ces matériaux. Ce n’est cependant pas un signe de qualité de fabrication, même plutôt l’inverse. Mais ce n’est plus forcément le cas de nos jours.

L’ébène de synthèse est apparu il y a quelques années avec pour objectif de remplacer l’essence que nous connaissons. Celui-ci a évidemment du mal à s’imposer, mais voici pourtant les bénéfices qu’avancent les créateurs :

  • Complète stabilité face à l’humidité ainsi q’une résistance à la sueur des mains.

  • ​Plus de redressage de la touche en raison de la grande résistance à l’abrasion

  • Aspect et densité très proche de l’ébène de haute qualité grâce à une homogénéité parfaite et une absence de défaut

  • Enfin, il n’est plus nécessaire de faire sécher l’ébène durant des années

Un point de vu écologique

Le cœur de couleur noir que l’on connaît de l’ébène est présente en quantité exploitable sur environ 5% des ébéniers abattus.

D’autre part, beaucoup de ces entreprises jouent la carte de l’écologie pour vendre leurs produits. Pour beaucoup, se servir de ce type de de substitut permettrait d’éviter la surexploitation forestière qui menace non seulement les essences de bois, mais aussi les animaux et les hommes.

La raréfaction de l’ébène pourrait mener aussi à une limitation ou même à l’interdiction de l’importation de ce bois. En conséquence de nombreux musiciens et orchestre pourraient même voir leurs déplacement se compliquer considérablement à cause de l’ébène qu’ils transportent. Des problèmes qui sont rencontrés actuellement avec l’ivoire, présent sur certains instruments et archets.

 

 

Corène, l’ébène synthétique pour le quatuor

La marque Corène est le fruit de la recherche de deux associés : John Eric Traelnes, luthier et Pascal Henzi, ingénieur. Ils ont fondé ensemble la société Néo-Ébène Sarl et ont mis au point une matière élaborés à l’aide de matériaux éco-composite destinée aux instruments à cordes frottées. Leur catalogue de pièces en ébène synthétique propose donc :

  • Touches pour violons, altos, violoncelles et contrebasses.
  • Sillets du haut et bas pour tous les instruments
  • Hausses pour les archets.

Ce nouveau matériau peut être travaillé comme l’ébène à l’aide des outils traditionnels. De plus sa structure homogène le rend très agréable à travailler. Bien sûr, le tout est produit en Suisse et usiné avec une précision au dixième de millimètre qui offre un possibilité d’installation quasi immédiate sur la plupart des instruments. Un gain de temps que certains luthiers accueillent à bras ouverts.

 

Seriez-vous intéressés par le néo-ébène ? N’hésitez pas à me faire part de votre avis dans les commentaires.

 

Les touches Corène en néo-ébène composite.

 

 

Produit naturel en danger contre produit synthétique dangereux

Et pourtant, je m’interroge dès qu’il est question d’écologie dans une démarche commerciale. Car c’est vrai que d’un côté la situation dramatique de certaines essences de bois pourrait nous pousser à agir en faveur de ces initiatives. Mais pourtant, ce doute me retient, à savoir, si le remède n’était au final pas pire que le mal. Ou tout du moins selon un certain point de vu.

Après tout, il n’y a pas énormément de façon de créer un ersatz de touche en ébène. La première qui me vient consiste à agglomérer de petites particules du matériau originel et de les agglomérer ensemble à l’aide de colles (comme les panneaux à particule de bois). Ensuite, il est aussi possible de concevoir un polymère aux propriétés similaires au matériau de base, en d’autre termes, un plastique. Elles n’ont pas d’odeur et le contact ne semble pas dangereux, mais qu’en est-il vraiment ?

Les produits Corène sont des Phénol-formaldéhyde durci, des résines synthétiques que l’on produit grâce à des réactions chimiques. Et même si elles sont considérées comme matières inertes, qu’en est-il des différents éléments qui ont été utilisés pour les créer ? Sont-il déversés dans la nature ou sont-ils stockés loin des yeux parce qu’il est impossible de les retraiter ? De même qu’en est-il des fines particules qui vont être produites par le luthier lors du travail de cette matière ?

C’est pour cela que je vous pose cette question : Préférez-vous utiliser un matériau naturel en danger ou un produit de synthèse dangereux pour l’homme ? N’hésitez pas à laisser votre avis dans les commentaires ci-dessous. 

9 Responses

  1. lf
    | Répondre

    Préférez-vous utiliser un matériau naturel en danger ou un produit de synthèse dangereux pour l’homme ? un produit naturel RENOUVELABLE (le bois) , ou un produit issue du pétrole, c’est a dire une ressource pas vraiment renouvelable..

    • Effectivement, vous avez raison le pétrole n’est pas vraiment renouvelable.

      • Roubal
        | Répondre

        Il y’a aussi le sonowood fait en Suisse aussi…

  2. ANDRE
    | Répondre

    je suis désagréablement surpris par le ton final !

    Vous élaborez une bonne analyse par des questions et des faits justes puis vous finissez sur une question vraiment orientée à charge !
    vous ecrivez :
    des résines synthétiques que l’on produit grâce à des réactions chimiques = OK, je suis d’accord.
    Et même si elles sont considérées comme matières inertes = OK, je suis d’accord.,
    qu’en est-il des différents éléments qui ont été utilisés pour les créer = OK, je suis d’accord.
    Sont-il déversés dans la nature ou sont-ils stockés loin des yeux par qu’il est impossible de les retraiter = OK, je suis d’accord.
    De même, qu’en est-il des fines particules qui vont être produites par le luthier lors du travail de cette matière = je suis d’accord pour que l’on se pose cette question bien que le luthier ne va que l’assembler… c’est plutôt l’usineur qui risque le danger !

    puis vous posez votre question : Préférez-vous utiliser un matériau naturel en danger ou un produit de synthèse dangereux pour l’homme ?

    qu’est ce qui vous fait dire que ce produit de synthèse est dangereux pour l’homme ? vous avez déjà jugé le produit ? Non, vous avez déjà décidé que ce produit était nocif pour la santé de l’homme bien que les multiples produits le composant, aient été, eux, jugés inertes ou comme tels !

    je ne répondrai donc pas à votre question qui est carrément à charge. Vous ne lancez pas un débat avec des faits bien réels, qui amènerait presque à se dire que ce produit est inoffensif mais votre question est une fausse affirmation disant le contraire !
    vous nous prenez pour des “neuneus” de la 1ere pluie ou quoi ?
    Dès lors, à quoi bon échanger ! … puisque votre avis est déjà fait !!
    c’est nul de chez nul alors que le débat pouvait être intelligent.

    • Bonjour Monsieur, tout d’abord merci d’avoir pris le temps de lire l’article. Toutefois il faut que j’apporte quelques précisions à ce que vous dites, peut-être me suis-je mal exprimé lors de la rédaction de l’article.

      Premièrement, je ne sais pas comment vous installez, si vous le faites, vos touches. Sachez cependant que dans mon cas, je suis toujours obligé de les retoucher pour les adapter au manche, les ajuster puis les corriger et les polir. Dans chacune de ces opérations, des fines particules sont créées et pénètrent dans mes narines et ma bouche (j’imagine puisque mes glaires sont ensuite de couleur similaires aux matériaux que je travaille).

      D’autre part, je ne sais absolument pas si les produits de synthèse sont bon ou mauvais, et je ne saurai faire de généralité. Toutefois, je me réfère simplement aux composants utilisés dans le processus de fabrication notamment le formaldéhyde si je me souviens bien. Sommes nous plus ou moins exposé à cette substance en présence du Néo-ébène que dans nos intérieurs. Je n’en sais rien, je laisse aux experts ces considérations. Toutefois, lorsque des composants sont classés comme “cancérigène de classe 1” même sans savoir ce que c’est, la mention est automatiquement anxiogène.

      Quant à ma question, en fait, elle ne concerne même pas le Néo-ébène mais en fait toute sorte de substances et de matériaux que nous avons le choix d’utiliser ou de consommer aujourd’hui et nous sommes tiraillé entre le fait de “préserver la biodiversité et la planète” ou “utiliser des matériaux de synthèse” qui sont soit issue de la chimie (pétrole ou autre) mais qui peuvent être parfois nocif, parfois encore moins renouvelables. Quant aux matériaux naturels, ils peuvent être tout aussi nocifs et ils est très mauvais de les respirer dans la plupart des situations. Toutefois dans ce cas là, la personne qui travaille en usinage est souvent bien mieux protégée que l’artisan quant aux normes d’hygiène et de sécurité. Mais là encore, je ne parle que de ma propre expérience. Peut-être pourriez-vous nous proposer la votre.

      Quant à ma position par rapport à l’usage de ces touches et matériaux. Je ne suis ni pour ni contre en fait, et je pose juste la question aux personnes qui s’arrêtent ici de partager leur propre avis et opinion. Cependant peut-être avez vous raison et ma question n’est pas assez ouverte, quel serait selon vous la plus adéquate ?

  3. Laroche
    | Répondre

    Bonjour, c’est vrai que le balancement recherché entre dangereux pour la nature, et danger pour l’homme a tendance à orienter la question. Personnellement je constate qu’on a toujours cherché à imiter la nature pour se faciliter le travail, la rentabilité, et éventuellement améliorer la durabilité la solidité et la stabilité du produit: on a eu La bakelyte et le plastique, voire les métaux même pour les cordiers, les hausses les baguettes d’archet en métal etc…
    Aujourd’hui on ne se pose pas les mêmes questions qu’avant. Hier on regardait la beauté de l’objet fini et son influence sur la sonorité de l’instrument, aujourd’hui on regarde la rentabilité du produit pour le producteur, le temps gagné ensuite ( luthier) et on argumente sur des avantages et ou des inconvénients écologiques assez difficiles à évaluer.
    Si ces « nouvelles touches » ne portent pas d’inconvénients esthétiques et sonores, elles auront du succès car elles sont certainement peu couteuses à produire et facilitent grandement le travail. Par contre si en fin chaîne il n’y a pas un avantage client qui y soit répercuté, ça ne marchera pas, car instinctivement, on préfère les « vrais » produits. Ceux que la nature nous donne. Instinctivement je préfère l’ébène, à la réflexion …je ne sais pas. Il faudrait voir et toucher.

  4. Andre
    | Répondre

    Sauf erreur ou omission de ma part, la « production » ou la vente de l’ébène est aujourd’hui interdite. Convention de Washington (CW / CITES. Alors que faites vous maintenant ?
    Là, est la vraie question ..

    • Bonjour, selon mes connaissances l’ébène fait parti des espèces de l’annexe II qui ne nécessite pas forcément de permis d’exportation. En tout cas pour l’instant il est possible de se procurer et de vendre l’ébène sans être réellement inquiété à notre échelle de luthier. Mais après il existe différents essences d’ébène, vous faites peut-être référence à une en particulier.

  5. alan aliyev
    | Répondre

    il ne s’agit que de Bakelite Hi-Tech donc aucun danger pour l’homme. la Bakelite est un des rare polymére centenaire et on a un recul enorme. (volant des voitures pré 1960..Appareils photos des années 30/50..)..par contre si on le brûle c’est très dangereu… mais ni le contact ni les poussieres mais à titre personnel je trouve le conçept destructeur pour le prestige d’un violon( et pas que… mes Hautbois et Clarinettes et autres Flûtes de collection , je n’aimerais pas les voir en plastique). Je pense que la solution du plaquage de la touche ,meme si il est complexe est bien plus malin. une couche de 3 à 5/10eme de mm d’un polymere REELEMENT HITECH style carbone ! De plus pour les touches anciennes usées,si les fabricants de plastiques diffusaient les technologies du carbone actuelles on pourrait sans AUCUN PROBLEMES ” RECHARGER UNE TOUCHE…la changer deviendrait une heresie. ! Et techniquement c’a serait pas dur.

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