Cela fait maintenant deux années de suite que je me rends à Pékin, la capitale chinoise. Si je fais le choix de me déplacer à l’autre bout du monde, ce n’est pas pour le tourisme, même si c’est totalement dépaysant. Non, si je me retrouve à écrire ce billet sur un « Luthier à Beijing », c’est parce que je participe au salon Music Beijing, et c’est de cela dont je souhaitais vous parler.

Un Luthier à Beijing
La Chine est un pays de violon, peut-être même le plus important aujourd’hui. J’en vais déjà parlé dans cet article Un luthier en Chine et vous propose d’en faire la lecture car il aborde des sujets de manière assez globale.
C’est maintenant la troisième année que je me rends en Chine et la deuxième durant laquelle je me rends sur les deux grands salons professionnels de Beijing et Shanghai. Ce sont à chaque fois des expériences aussi intéressantes que déroutantes, et cela pour tout un tas de raisons.
Des expériences d’un autre monde
Chaque pays comporte son lot de dépaysement, mais il y en a certains dans lesquels cela se ressent plus, pour moi, la Chine est l’un de ceux-là. Tout est tellement différent de notre quotidien, de mon quotidien, que le choc est vraiment frontal. Je ne parle pas forcément que de l’expérience touristique, mais également d’un point de vu business.
Sur cette photo, une expérience que je n’imaginais pas alors, la queue pour rejoindre la portion de la grande muraille de Mutianyu. Plus de deux heures d’attente pour passer les contrôles des tickets et accéder aux téléphériques. Bien entendu, avec 35°C et le soleil au zénith.
Mais, au moins ils avaient allumé la clim d’extérieur…

L’expérience humaine
Premièrement, les relations entre les représentants de notre espèce est franchement différente par rapport à ce que nous connaissons en France. Et même, ces différences sont assez marquées au sein d’un même pays, notamment entre Shanghai (qui est plus européanisée en raison de son histoire) et Beijing (plus ancrée dans la tradition).
Beaucoup de ces perceptions peuvent mettre mal à l’aise, et peuvent sembler complètement ahurissante de notre point de vu. Mais la diversité du monde est tout de même un atout et les surprises que cela provoque peut aussi offrir une certaine forme de satisfaction.
Il y a par exemple ce côté sans gêne, qui peut surprendre même les chinois. Ceux-ci vont ainsi parler et agir sans filtre, et même proposer des réductions de 80% sur des produits, juste pour « tester ». C’est sûr que cela peut paraître choquant, mais c’est aussi une façon de déstabiliser la personne en face. Il y a des anecdotes vraiment sympa à ce sujet.
Les règles en Chine
Ce que l’on entend beaucoup dans nos contrées, c’est à quelle point la Chine est un régime répressif et sans liberté, où tout le monde serait fiché et contrôlé et suivi en permanence par des caméras. Ce qui est vrai jusqu’à un certain point, car à Shanghai, si vous traversez au rouge, une caméra peut le détecter et vous recevrez une amende chez vous quelques semaines plus tard. C’est aussi le cas si vous ne mettez pas votre ceinture de sécurité en voiture…
Mais sinon, il y a tout un tas de petites choses qui devraient sembler évidentes pour nous, mais qui ne semblent pas forcément avoir d’importance en Chine. Notamment, la cigarette, même s’il semble y avoir de nombreux panneaux et également un confiscation des briquets à l’entrée du salon. Il était possible de voir de nombreux chinois fumer dans le Hall. Même moi, durant le salon, j’ai utilisé une lampe à alcool pour ajuster les cambres avec les musiciens, et la plupart des vigils n’y faisaient même pas attention. Une seule personne est venu me voir pour dire que les flammes étaient interdites.
Un autre élément assez surprenant est la circulation à Beijing, avec les nombreuses voies, les voitures qui décrochent dans tous les sens, et surtout, elles sont entourées de vélos, de motos et scooters. D’ailleurs, il y a de nombreuses pistes cyclables, mais elles sont envahies de scooters électriques, qui arrivent silencieusement par derrière et manquent régulièrement d’entrer en collision avec les passants.

Les deux papis
Un jour, avant de passer la porte principale pour valider l’autorisation d’entrer sur le salon, j’assistais à la scène suivante. Deux papis bloquaient la file en s’embrouillant avec un gardien. Ils voulaient rentrer mais n’avaient pas de pass, le gardien refusait de les laisser rentrer. Ils étaient de toute façon bloqués par le tourniquet. Le représentant de la sécurité leur disait qu’il suffisait d’aller chercher un ticket au kiosk. C’était juste un peu plus loin, et de toute façon c’était gratuit pour les seniors… Mais obstinés comme ils étaient, ils protestèrent qu’ils ne désiraient nullement faire la queue sous le cagnard. D’autant plus que c’était pour obtenir un ticket qui de toute façon était gratuit. Ils se mirent alors à enjamber le tourniquet avec grande peine et entrèrent. Le vigil broncha à peine et n’avait pas l’air plus surpris que ça.
Il faut croire que l’on est pas toujours à cheval sur les règles.
Un monde hyper connecté
C’est simple, sans téléphone, je ne sais pas s’il est possible de faire quoi que ce soit en Chine. Littéralement, avec deux applications que sont Wechat et Alipay, il est possible de tout faire.
- Payer
- Être payé
- Réserver un taxi, un train, un avion
- Recevoir des recommandations de restaurant, hôtels, des coupons de réduction
- Se connecter avec d’autres personnes
Littéralement, cela sert à tout faire, et tout le monde s’en sert en permanence. C’est d’ailleurs pourquoi, en tant qu’exposant, j’ai dû m’adapter à ces modes de fonctionnement.
Par exemple, proposer de se connecter pour rester en contact et communiquer, ou bien proposer un QR code pour payer directement avec son téléphone. Autant de détails qui demandent beaucoup de préparation et de mise en place.
Et tout cela, c’est à force d’être confronté à la réalité du terrain. Mais j’en reparlerai un peu plus loin.

Un luthier à Beijing – Le Salon
L’organisation d’un salon est toujours une grosse prise de tête, à moins que des organismes s’en chargent pour les exposants. C’était le cas lors des Salons Internationaux du Patrimoine Culturel, durant lesquels la CMA Grand-Est avait fait un travail hallucinant pour mettre en avant tous ses artisans. Par contre, ce n’est pas vraiment le cas pour nous autres, exposants français, sur les grands salons de musique.
L’année dernière à Shanghai, nous étions 3 entreprises dans le Pavillon France, avec aucune préparation ou mise en place particulière. Face à nous, nous avions l’Italie, qui avait avec l’ITA (Italian Trade Agency – C’est un peu comme la Chambre des métiers et de l’artisanat chez nous) construit et aménagé un énorme Stand regroupant de nombreux artisans. L’impact sur le public était grand, et c’est normal avec une telle présentation. Chaque artisan se voyait octroyé des traducteurs, des lieux de négociation, une machine à café, étaient coachés sur les moyens de paiement et les coutumes locales etc…
L’organisation du salon d’un luthier à Beijing
Bref, comme vous l’aurez compris, pour nous, c’est chacun pour soi. En tout cas jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, grâce à mon nouveau collaborateur Leo, que j’ai presque débauché de l’ITA, j’ai pu organiser avec un peu plus de facilité toutes les petites subtilités du salon :
- Réservation du stand, et des meubles pour l’aménagement.
- Habillage du stand et présentation des produits
- Réalisation et traduction des brochures et affichage, avec impression sur place.
- Négociation avec les organisateurs du salon afin d’obtenir de meilleurs prix.
D’un autre côté, il y avait aussi l’organisation en rapport avec les marchandises :
- Réalisation d’un carnet ATA.
- Emballage et voyage des marchandises.
- Validation par les douanes.
Nous nous sommes de plus fait assister par une étudiante de Beijing : Gabriela, qui est violoniste dans l’orchestre de son université et qui a pu aider les visiteurs dans les explications sur les instruments mais aussi et surtout dans l’interprétation. Car même si j’ai un peu étudié le chinois à l’université, il m’est impossible de tenir la moindre conversation dans ce langage.


L’expérience du salon
Pour qu’un luthier à Beijing puisse faire une expérience intéressante, je conseille sincèrement de faire ce salon. Bien sûr, ce ne sera peut-être pas l’unique moyen de faire des affaire en Chine, et je dirais même plus que ce n’est pas suffisant. Toutefois, c’est un intéressant point de départ.
Je comprends que ce n’est absolument pas simple d’envisager un tel déplacement pour des petites entreprises européennes. Cependant, rien que pour l’expérience et l’aventure, c’est vraiment quelque chose à envisager si vous souhaitez étendre votre marché. Certes, il est complexe, contraignant et même limite incompréhensible, mais c’est également un endroit où le potentiel est grand. Et même incomparablement grand par rapport à tout ce que l’on peut envisager.
D’un autre côté, c’est aussi un marché qui a besoin d’être sécurisé, éduqué et développé. Car le savoir-faire, l’abondance et la diversité en matière de lutherie est aussi au delà de toute imagination.
Devenir un luthier à Beijing
Vous souhaitez développer votre atelier en vendant vos produits à Beijing ? Cela semble franchement compliqué, cher et va également prendre du temps ?
Honnêtement, cela ne l’est pas tant que ça, et tout peut être entièrement financé. Donc, même sans trésorerie, sans connaissance et beaucoup de temps à réfléchir, rien n’est impossible. Il est même possible de tirer tous les avantages des salons musicaux avec quelques conseils et un plan d’action. Je peux en tout cas vous accompagner et vous faire bénéficier de mon expérience sur le sujet.
Veuillez dans ce cas me contacter.