Si vous avez suivi les réseaux sociaux, vous aurez peut-être entendu parler de mon occupation des trois dernières semaines. Ainsi, vous aurez peut-être remarqué les piles de violons et une armée de luthiers s’en occupant avec ardeur sous un soleil de plomb. Nous étions en fait en train de réviser les violons de la fondation Vareille, soit un peu plus de 5000 instruments. C’était un travail et une organisation titanesque pour la révision, mais le projet est lui aussi colossal, c’est pourquoi je voulais vous en parler et vous le faire découvrir dans cet article.

L'équipe
Tous les participants à cette grande aventure à la fin de ce challenge.

Les violons de la fondation Vareille

Premièrement, je pourrais vous parler de l’expérience de mon point de vue. C’est-à-dire en tant que luthier intervenant sur les violons depuis maintenant deux ans. Tout d’abord, je dois dire que c’est à chaque fois un challenge qui amène à chaque fois à se dépasser :

  • L’année dernière, il y avait environ 2750 violons et nous étions 5 luthiers, accompagnés d’assistants pour la logistique. Cela revenait donc à 550 par jour.
  • Cette année, nous étions une vingtaine, dont 10 luthiers, pour entretenir 4800 violons durant 8 jours. Soit 600 par jour malgré l’augmentation significative du nombre de participants.

Je suis assez surpris de l’attention que portent les enfants aux instruments. Car même s’il y en a qui sont très sales, ou abîmés, ce n’est pas le cas de la majorité. Dans la plupart des cas, une simple révision suffisait :

  • Vérification des passages de cordes
  • Correction de la position du chevalet
  • Changement des cordes défectueuses
  • Lubrification des chevilles récalcitrantes
  • Quelques petits ajustements du montage
  • De simples retouches d’éclats de vernis

Les luthiers participants à cette opération étaient un mélange de vétérans et de jeunes fraîchement diplômés. Une occasion pour chacun d’entre nous d’apprendre et de tisser des liens dans une épreuve de team building inédite.

 

Le violon comme outil éducatif

Apprendre le violon à l’école a plus d’avantages qu’il ne le laisse paraître. C’est d’ailleurs pourquoi « Un violon dans mon école », le projet qui utilise tous ces violons, s’adresse à des enfants entre la moyenne section et le CE1. Ces musiciens en herbe se voient confier un violon et participent deux fois par semaine à des cours de musique. Des professeurs de musique locaux encadrent les enfants sous la coordination de la fondation.

Le violon est un instrument exigeant, qui sollicite les membres et le cerveau de manière asymétrique. Ces mouvements nécessitent donc une motricité fine, mais aussi une grande capacité de concentration. À cet âge où le cerveau possède d’immenses capacités d’adaptations, les connexions se font naturellement. Ce qui prépare l’enfant pour l’apprentissage de toutes les matières enseignées à l’école.

Sans parler de ma surprise par rapport à la qualité des violons que les enfants utilisent. La fondation a vraiment voulu leur fournir des instruments de bonne qualité, et prévoir une révision annuelle montre aussi le sérieux du programme.

 

Comment mesurer l’impact de ce projet ?

Si vous souhaitez en savoir plus sur les études menées avec ce programme et comprendre avec précisions les résultats, je vous invite à suivre ce lien : https://www.vareillefoundation.org/mesures-dimpact/

 

Mon avis sur le programme

Je dois être honnête avec vous, il y a rarement des moments où je sens mon métier prendre autant de sens. Bien sûr, des programmes de ce type existent ailleurs, et toutes les écoles participent à leur façon à former les générations suivantes. C’est toutefois la première fois que j’ai l’impression de participer à un changement et une amélioration profonde et durable de la société. C’est pour moi une brise d’air frais, dans la perception de mon métier, et aussi du violon. Et quand j’y pense, cela me rend plutôt émotif car du fond de notre atelier, nous n’avons pas vraiment l’impression de faire avancer le monde. (En même temps, vous comprendrez mieux de quoi je parle dans les quelques articles que je vous réserve pour les semaines à venir.)

En fait, il nous faut des projets aussi universels que ceux-ci. Nous en avons notamment besoin car le violon ne se réserve pas à une élite et c’est un outil qui doit être à la portée de tous. Et faire découvrir la musique et la pratique de cet instrument à des enfants qui n’en auraient autrement pas eu la possibilité, même sans prendre en compte tous les bénéfices que cela leur apporte, est déjà extraordinaire.

Ce sont des valeurs qui m’ont donné l’envie de faire ce blog et m’aventurer dans ces territoires où se mêlent musique et lutherie. Et j’espère que nous allons continuer tours ensemble, malgré les écueils.

 

On en parle à la télé

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Aider les violons de la fondation Vareille

Si ce projet vous intéresse, et que vous souhaitez y participer en tant que professeur, vous pouvez rejoindre le programme ici. Si vous êtes intéressé par l’entretien des violons, vous pouvez me contacter.

 

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