Voici un petit billet rapide pour parler du voyage d’un luthier au Québec. En fait, ce luthier, ce n’est autre que moi, puisque vous êtes sur un site qui porte mon nom. Mais pour en revenir au sujet, je vais partager avec vous quelques moments marquant de mon épopée chez nos cousins francophones d’Amérique du Nord.

Un luthier au Québec
Comme vous le savez si vous parcourrez les pages de ce blog, j’ai pu voyager un certain nombre de fois grâce à mon métier. Cette fois-ci j’ai encore eu le privilège de me rendre dans un nouveau pays : Le Québec. Bon, c’est vrai que le Québec n’est pas forcément un pays à proprement parler… Mais allez dire ça à un Québécois. D’ailleurs, ça en a aussi la taille, puisque avec sa superficie de plus d’1,5 millions de kilomètres carrés, c’est tout simplement trois fois la France.
Qu’est-ce que le Québec ?
Loin de moi l’idée de vous apprendre ici ce qu’est le Québec, mais je vais tout de même donner un petit contexte. Cela permettra peut-être de mieux comprendre de quoi je vais parler dans les lignes suivantes.
Tout d’abord, c’est la plus grande des dix province du Canada, un territoire énorme qui contient en majorité des grandes étendues. Toutefois, elle contient aussi des grandes villes, comme Montréal et ses 1,7 millions d’habitants. Soit une population pas si éloignée de la capitale française.
Un autre facteur intéressant est que ce territoire est composé de près de 80% de francophones. Des francophones qui viennent du monde entier pour profiter de l’ambiance si particulière de ce pays. L’acclimatation est simple car la français est une langue officielle, même si elle risque de surprendre plus d’un. Personnellement, je suis resté coi plus d’une fois lors de mes interactions quotidiennes.
Pourquoi un luthier voyage au Québec ?
Si je me rends en Nouvelle-France, ce n’était pas pour combler un manque de luthiers. En effet, il y en a déjà beaucoup sur place. Enfin, quand je dis beaucoup… Disons que c’est relativement bien fourni et qu’il n’y a pas de problème pour s’approvisionner en instrument dans cette partie du monde, à la différence d’autres territoires.
En fait, je m’y suis rendu pour trois raisons principales :
- Rencontrer des confrères et consœurs spécialisés en lutherie et archèterie.
- Découvrir l’école de lutherie de Québec et leur programme
- Participer par la même occasion au rassemblement annuel de Mildor Violon. Mais ça c’est du bonus !
- Et aussi me rapprocher de New-York dont je parlerai dans un prochain épisode.
Devenir un luthier au Québec
Un des évènement les plus important pour moi, était de pouvoir découvrir l’école de lutherie de Québec. En effet, après avoir abordé régulièrement le sujet de la formation de lutherie, et recevant de nombreuses questions de la part de nombreux futurs luthiers et luthières, je voulais approfondir le sujet.
C’est ainsi que j’ai rencontré Rémi Rouleau, le directeur de l’ENL, au Cégep de Limoilou, très proche du magnifique ancien centre de Québec. Celui-ci m’a invité à visiter l’école et m’a fait découvrir les salles de classe, les ateliers ainsi que les petits secrets de l’école.
L’École Nationale de Lutherie du Québec
Pas aussi connue que ses équivalents européens, cette école est toutefois une opportunité intéressantes pour de nombreux élèves, qu’ils soient canadiens ou français (voire internationaux). En effet, l’école offre trois possibilités :
- Un diplôme de lutherie violon sur 3 années.
- Des cours grands public, sous forme de stages d’une semaine ou cours du soir.
- De la formation de perfectionnement pour les professionnels.
Mais, j’imagine que ce que vous attendez tous de connaître, c’est la formation pour devenir luthier avec un diplôme (statistiquement, c’est la question qui me revient de loin le plus souvent). Pour l’admission, il faut savoir que c’est simplifié et moins cher pour les français en raison des accords entre les deux pays. Toutefois, il y aura quand même certains frais que je vous invite à consulter.
Bien qu’on y enseigne les base de la lutherie, en construction, en réparation, en vernissage et entretien, ce n’est pas tout. En effet, la singularité de l’enseignement est qu’il s’ouvre également sur les nouvelles technologies et la fabrication assistée par ordinateur ou l’impression 3D. Je n’ai actuellement vu aucun équivalent dans les autres établissement. Cette possibilité est offerte grâce aux autres métiers d’art enseignés dans l’établissement et une certaine porosité entre les matières.
Cette école de lutherie va former ses élève au monde professionnel et permettra à la majorité de ses élèves de trouver un travail en Amérique du Nord dès l’obtention du diplôme.


Une facilité d’accès à la lutherie
Pour beaucoup d’étudiants qui trouveraient inaccessible les écoles française ou européennes. Cette option est tout à fait valable, au même titre que n’importe quelle école. Et l’entrée sera facilitée car les classes ne sont pas pleines et les groupes assez restreints permettront de bénéficier d’un bon accompagnement (moins de 10 élèves par classe).
Du côté de la vie étudiante, je pense qu’il faudra se faire une raison… L’hiver va être un peu rude. Mais l’astuce confiée par le directeur est qu’il faut acheter ses habits d’hiver sur place. Ils seraient en effet bien plus efficaces chez ces experts du froid.
Et puis la vie à Québec… Rien à voir avec Mirecourt ou les autres villes de lutherie déprimantes. Honnêtement, c’est une très belle ville, où il fait bon vivre, où les gens sont accueillants et à laquelle on s’attache très vite. J’ai d’ailleurs recueilli quelques témoignages de français qui n’en sont jamais revenus.
Maestoso de Mildor Violon


Avec Erica, nous avons été invités à participer à l’évènement Maestoso, organisé par Mildor Violon. Alors que j’écris ces lignes, c’est déjà la troisième fois que nous participons à ces week-end à l’ambiance très sympathique. Erica, bien entendu, inspire et accompagne l’orchestre venant de pays francophones (notamment France et Québec) en occupant avec brio la place de soliste. Quant à moi, je suis là en support pour assister les musiciens, faire quelques réglages et donner quelques conseils dans une mini conférence.
Cette fois-ci, Jean-François avait préparé de nombreuses surprises… Car déjà le cadre était assez incroyable. En effet, l’hôtel du Lac Carling était un cadre magnifique (propice à l’enfermement durant des journées complètes de travail… bien entendu!). Le temps magnifique, couplé à ce lieu entouré de nature, avec le lac à côté, les soirées au près du feu et les balades bucoliques, ajoutent encore plus à l’aura incroyable de cette expérience inoubliable.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas tout… Car durant le week-end, deux autres opportunités incroyables se sont présentées aux musiciens :
- Premièrement, l’enregistrement d’une bande audio pour l’animateur Paul ARCAND, célébrité au Québec (entièrement inconnu pour moi…), qui prenait sa retraite et pour qui les Mildoriste ont joué un morceau et ont laissé exploser leurs remerciements. Ce message a ensuite été diffusé à la radio comme surprise au présentateur qui n’a pas été insensible à cette démonstration.
- Ensuite, durant le dernier jour, la chanteuse Québecoise Fanny Bloom est venue participer aux répétitions avant d’enregistrer ensemble un morceau de sa composition sur lequel elle a chanté en live accompagné de l’orchestre. Une expérience incroyable pour tous les participants.
L’aventure Mildor
La fin de cet évènement marque le moment de faire le point sur le chemin accompli jusqu’ici. Et je vais bien entendu parler de cette école. À chaque fois que je rencontre Jean-François, je découvre un peu plus l’univers atypique, l’énergie et la volonté qu’il déploie jour après jour pour apporter à tous ses élèves les outils qui leur permettront de s’épanouir avec le violon.
J’ai très rarement vu un professeur distiller autant de bonne humeur, d’optimisme et d’encouragements à son groupe hétéroclite d’étudiants. C’est d’ailleurs aussi impressionnant de constater le fort lien qui unie tous les membres de cette communauté, alors qu’il s’agit pourtant d’une école majoritairement en ligne.
Nous mettons souvent en avant les dérives et les défauts qu’apportent les réseaux sociaux à notre société, mais il est clair que nous avons là un exemple parfait de ce que permet de faire ces outils : rapprocher des personnes passionnées pour partager ce qui leur est cher. D’ailleurs, si vous apprenez le violon et que vous utilisez Facebook, pourquoi ne pas jeter un œil au groupe Secrets de Violonistes. Vous y retrouverez une communauté soudée et bienveillante qui pourra vous aider à progresser à votre rythme.
Le luthier qui quitte le Québec
Inutile de vous préciser que ces trois jours défilèrent à une vitesse incroyable. Et nous dûmes rapidement repartir pour nous diriger vers New-York et les États-Unis pour poursuivre notre périple. Un sujet que j’aborderai comme promis dans un autre article… Mais je vous laisse ici quelques photos.



